mardi 8 octobre 2013

« Désobéir ne paie pas. », fable de la jungle de Paul White

DAUDI posa sa main sur l'épaule de M'gogo. Si tu désires vraiment éprouver du plaisir avec ton chien, apprends-lui à obéir. Ce sera également une manière de procurer de la joie à ton compagnon. Nyani, lui aussi, s'est rendu compte de cela. Ecoute.



  

Nyani rassembla les jeunes singes de son arbre familial. Il agita son doigt devant eux et une lueur dans son œil éveilla un délicieux frisson jusque dans les plus délicates consciences de singe. Nyani parla d'une voix forte.

Un éléphant-poète émit un jour cette sentence: « Désobéir ne paie pas. », Ceci est spécialement juste en ce qui concerne les petits singes. Voici trois règles que j'ai choisies pour vous. Suivez-les et votre peau sera sauve. Autrement ...

Il roula de gros yeux et dressa son pouce:

- Ne jamais se tenir proche des pieds de derrière de Zèbra.

Un second doigt se dressa:

- Si votre nez prononce le mot «Chewi »- léopard va se hisser en vitesse jusqu'à la branche la plus fine qui vous puisse supporter. Se souvenir que, dans l'estomac de Léopard, il n'est plus de rires pour les singes.

Nyani s'agrippa par la queue, de façon qu'il pût, de ses quatre pattes, souligner tout à l'heure la conclusion:

- Et ne jamais regarder en face les yeux du serpent.

Méditez ces conseils et vous préserverez votre peau de singe.

Les petits singes remercièrent Nyani en conséquence et décampèrent.

- Hongo, dit Twiga qui flânait autour du buyu, en même temps que Sukou se perchait sur un rameau à sa convenance, Hongo, si je ne fais erreur, votre famille était riche de sept membres, ô Nyani ?

Le singe adulte opina du bonnet.

- C'est une pénible histoire, ô Long-Cou. L'un des miens se tint derrière un zèbre; trois furent imprudents à l'égard des léopards; et deux plongèrent leurs yeux dans les yeux du serpent. Je suis seul à représenter ma génération.

Il y avait de la tristesse dans le ton du singe, et Twiga dit à part elle :

- Vous vivez du triomphe de votre expérience sur la petite sagesse des singes.

- Pardon? fit Nyani, se rapprochant, et mettant à l'oreille sa paume en éventail.

- Je faisais simplement une réflexion dans ma gorge, répondit en hâte Twiga.

Ils s'assirent, attentifs.

Car deux petits singes se dirigeaient gaiement vers l'endroit où broutait Zèbra.

Twiga écarquilla les yeux. Sukou, anxieux, mordilla ses serres, et Nyani poussa un gémissement. Tous portaient leurs regards là où, sur leurs têtes, un vautour volait en larges ronds.

Nyani gémit à nouveau:

- Ah! ce que les vautours devinent bien les intentions des miens!

Les deux petits singes causaient ensemble.

- Pourquoi ne devrions-nous pas aller près du pied de derrière de Zèbra ? s'enquit l'un.

- Koh, rétorqua le deuxième, je ne vais pas m'embarrasser de ce qu' « il » a dit. Il croit qu'il sait tout. Viens, et restons derrière Zèbra.

Se tordant les côtes, ils se rapprochèrent du mammifère, lançant des plaisanteries qui ne furent guère du goût du Rayé-noir-et-blanc. Zèbra se tut, mais réduisit d'un degré la distance qui séparait son arrière-train du couple moqueur.

L'un des singes cueillit un rameau d'épines, s'avança de biais et planta une des pointes acérées juste au-dessus du sabot de Zèbra.

Twiga, et Nyani, et Sukou virent soudain apparaître un pâle nuage de poussière, puis un petit singe s'éleva haut dans les airs pour en retomber avec un douloureux tressaillement. Nyani prit sa tête à deux mains et, hurlant, donna l'ordre à Pilli-le-singe-médecin de venir immédiatement. Chacun surveillait le vautour qui déjà descendait du ciel...

Le deuxième petit singe, en peine pour sa vie, avait fui, épouvanté, dans l'arbre de famille et, chancelant, se couchait aux pieds de son oncle. Nyani dit simplement:

- Tu vois. Répète-toi sans cesse: « Désobéir ne paie pas »

. Une autre preuve de la justesse de cet adage fut fournie au crépuscule.

; La· puissante odeur du léopard parvint aux narines de Twiga.                .

Et le nez des petits singes annonça semblable nouvelle.

Vite, on se hissa sur la plus frêle et ultime ramille, s'accrochant par pattes et queue.



Preste, Léopard fut aussitôt sur l'arbre, montant de plus en plus haut, ses griffes à nu, ses babines humides, dans la certitude d'un repas de viande de singe.

- Tenez bon! aboya Nyani à l'abri sur le bout d'une branche de buyu, vous avez agi sagement; aucun léopard ne peut se poser sur le mince rameau qui vous soutient.

Chewi-le-Léopard miaula horriblement et employa des termes visant à produire l'effroi et la sueur chez les petits singes. Mais la voix de Nyani résonnait, rassurante:

- Restez où vous êtes, et tout ira bien ; les paroles des léopards n'ont ni griffes ni dents!

Il gagna, un peu plus bas, son poste habituel et commença à gesticuler en vue d'irriter Chewi enragé, lui jetant avec une adresse étonnante les fruits du baobab.

- Cela paie d'obéir! vociféra-t-il quand, à la fin, Chewi, hargneux, s'enfuit dans la jungle.

Après quelques minutes de congratulations réciproques singes, Sukou attira l'attention de Twiga sur ce qui ait dans les parages des grands rochers gris.

Nyani, appela-t-il, une intervention rapide est nécessaire, sinon ta tribu va décroître d'un de ses membres. J’aperçois un petit singe, ses yeux plongés dans ceux du python.

Exhalant un grondement comparable à celui de Simba. Nyani dégringola de son arbre personnel et galopa a la manière singe jusqu'au lieu du danger. D'un bond, il fut au sommet du roc et regarda en dessous de lui. En bas, retenu à une saillie, était tapi un petit singe gris lentement, le reptile traçait son chemin à la rencontre de sa victime terrifiée et hypnotisée.

De toute sa force de singe, Nyani s'attaqua à un fragment du granit qui remua et se déplaça d'un pouce. Nyani , s’efforça derechef. Le morceau se détacha, bascula et s’écrasa près du gros serpent qu'il frappa dans sa chute.

A cette seconde précise, Nyani prit son élan, saisit par la queue le petit singe et, criant victorieusement, remonta e branche de l'arbre le plus proche. Lorsque les nerfs des singes eurent été calmés par une nourriture  appropriée- en l'occurrence, de vertes chenilles Nyani, paternel, s'exprima ainsi:

_ Comprendrez-vous désormais, ô petits membres de mon espèce, que cela paie d'obéir?

Les jeunes singes abondèrent en ce sens, et à l'unanimité fixèrent l'endroit, où hier encore s'amusait leur cousin _ et où il serait aujourd'hui, sans les « sabots volants »de Zèbra ...

En y songeant, ils branlèrent la tête de plus belle.

Mais Nyani savait, hélas, que mémoire de singe est aussi courte que colère de léopard.

 

 

LES singes, résuma Daudi, eux aussi, reconnaissent la valeur de l'obéissance. Et qui entre dans le Royaume de Dieu sait que cela est la première chose que Dieu requiert. Car voici ce qu'assure la Bible: « Celui qui dit: Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est point en lui.) Plus un homme apprend à obéir à la loi divine, plus fidèlement et plus pleinement montre-t-il son amour pour Dieu. L'obéissance est une preuve ...

M'gogo siffla son petit chien. Celui-ci stoppa, se retourna, branla la queue et courut vers son maître.

Daudi, Yohanna et M'gogo se regardèrent d'un air entendu. Daudi souleva le gentil animal.

- N'oublie pas, M'gogo, ce que dit Jésus: « Si vous aimez, faites ce que je vous commande.
 
Source :Fables de la jungle par Docteur Paul White Ligue de la lecture de la bible vers 1957
 

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